Page:Tolstoï - De la vie.djvu/81

Cette page a été validée par deux contributeurs.

à l’homme d’un seul coup sa vie présente et sa vie passée, la vie des autres individualités, et tout ce qui résulte inévitablement de leurs rapports, c’est-à-dire les souffrances et la mort — ces conditions de la vie qui amènent l’homme à nier le bien de la vie individuelle et à concevoir la contradiction de cette vie qui semble l’arrêter.

L’homme veut déterminer sa vie par la durée comme il le fait pour l’existence visible extérieure, et soudain il voit apparaître en lui une vie qui ne coïncide pas avec l’époque de sa naissance charnelle, et il se refuse à croire que la vie est précisément ce qui ne peut être déterminé par le temps. Mais il a beau chercher dans la durée un point qu’il puisse considérer comme le commencement de sa vie rationnelle, il ne le trouvera jamais[1].

  1. Il n’y a rien de plus commun que d’entendre des raisonnements sur le principe et le développement de la vie humaine et de la vie générale dans la durée. Les personnes qui discutent sur ce sujet croient se trouver sur le terrain solide de la réalité, tandis qu’il n’y a rien de plus fantastique que leurs raisonnements sur l’évolution de la vie dans la durée. On dirait un homme