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riode d’années sans interruption aucune ; et tout à coup il arrive à une époque où il voit clairement jusqu’à l’évidence, qu’il lui est désormais impossible de vivre comme il a vécu jusqu’à ce jour, et que sa vie s’arrête et se déchire.

La fausse doctrine l’a confirmé dans l’idée que sa vie est cette période de temps comprise entre le berceau et la tombe. En considérant la vie visible des animaux, il a confondu la conception de cette vie avec sa conscience et s’est pleinement convaincu que cette vie visible est en effet sa vie véritable. Mais la conscience réfléchie qui s’est éveillée engendre en lui des besoins que sa nature animale ne peut satisfaire, et il comprend toute la fausseté de ses idées sur la vie. Cependant la fausse doctrine dont il est imbu l’empêche de reconnaître son erreur. Il ne peut renoncer à se représenter la vie autrement que comme une existence animale. Il lui semble que le réveil de la conscience réfléchie a arrêté sa vie, Mais ce qu’il appelle sa vie, ce qui lui paraît interrompu, n’a jamais existé. Ce qu’il ap-