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est leur solennité en les accomplissant. Le riche et le pauvre font ce qu’ils voient faire autour d’eux, et ils nomment cela leur devoir, leur devoir sacré ; ils disent pour se tranquilliser que des actes accomplis depuis si longtemps par un si grand nombre d’hommes, qui y attachent tant d’importance, sont évidemment la véritable affaire de la vie. Jusqu’à l’âge le plus avancé, jusqu’à la mort, ils s’efforcent de se persuader que s’ils ne savent pas eux-mêmes pourquoi ils vivent, d’autres le savent : mais ceux-ci sont tout aussi ignorants sur ce point que ceux qui s’en rapportent à eux.

De nouveaux hommes entrent dans l’existence, naissent, grandissent et, voyant cette agitation fiévreuse à laquelle on donne le nom de vie, agitation à laquelle prennent part des vieillards aux cheveux blancs, respectables et entourés de vénération, ils sont convaincus que ce remue-ménage insensé est la vie et qu’il n’y en a pas d’autre, et ils s’en vont après s’être bousculés sur le seuil. C’est ce que ferait un homme qui, ignorant ce que c’est qu’une assemblée, s’imaginerait que la