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science, est un mirage trompeur ; dans cette conscience, on ne peut concevoir la vie. — Pour comprendre la vie, il suffit de considérer ses manifestations comme on considère tout mouvement de la matière. Ce n’est que par ces observations et par les lois qui en résultent, que nous trouverons à, la fois la loi de la vie en général et celle de la vie de l’homme en particulier[1].

Et voilà que cette fausse doctrine, après avoir remplacé la conception de la vie complète de l’homme, de cette vie dont il a conscience, par

  1. La vraie science, connaissant sa place et par suite son objet, est modeste, ce qui fait sa puissance ; elle n’a jamais parlé et ne parle pas de la sorte.

    La physique traite des lois et des rapports des forces sans se préoccuper de ce qu’est la force elle-même, et sans essayer d’expliquer sa nature. La chimie traite des rapports de la matière sans s’inquiéter de ce qu’est celle-ci ni de définir sa nature, La zoologie traite des formes de la vie sans poser la question de la vie elle-même, ni essayer de définir son essence. Et les forces, la matière, la vie, ne sont pas envisagées par les sciences comme des objets d’études, mais comme des points d’appui pris pour axiomes dans un autre domaine des connaissances humaines et sur lesquels se construit l’édifice de chaque science séparément.