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c’est la vie réelle, ce qui demeurera et vivra éternellement. De sorte que cette vie unique, la seule dont il ait conscience, cette vie, seul but de toute son activité, se réduit à je ne sais quoi de trompeur et d’irréalisable, tandis que la vie hors de lui, cette vie qu’il n’aime pas, qu’il ne sent pas, qui lui est inconnue, est seule véritable.

Ce qu’il ne sent pas offre seul les avantages dont il voudrait jouir lui-même. Ce n’est pas que cette idée se présente à son esprit aux heures de découragement, car ce n’est pas une idée à laquelle on puisse échapper, mais, au contraire, c’est une vérité tellement évidente et incontestable, que, si elle se présente une seule fois à l’esprit de l’homme, ou si d’autres la lui expliquent, il ne pourra jamais s’en débarrasser ni l’effacer de sa conscience.