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savons-nous pas que la plupart si ce n’est tous les savants positivistes, en étudiant la vie dans ses phénomènes matériels et observables par les sens, sont pleinement convaincus qu’ils étudient la vie tout entière et non pas un seul de ses côtés.

L’astronomie, la mécanique, la physique, la chimie, ainsi que toutes les autres sciences, prises à part et toutes ensemble, défrichent chacune la partie de la vie qui lui est soumise, sans arriver à aucun résultat touchant la vie en général. Ce n’est qu’à l’époque où ces sciences étaient dans leur enfance, c’est-à-dire quand elles n’étaient ni claires ni bien définies, que quelques-unes d’entre elles essayèrent d’embrasser de leur point de vue tous les phénomènes de la vie, et devinrent obscures en inventant de nouveaux mots et de nouvelles idées. C’était le cas de l’astronomie, quand elle s’appelait astrologie, et de la chimie, quand elle portait le nom d’alchimie. C’est ce qui arrive maintenant à la science qu’on appelle biologie qui, en étudiant un ou plusieurs côtés de la vie, prétend étudier la vie tout entière.

Les hommes qui envisagent la science à un point de vue aussi erroné, ne veulent pas reconnaître que leurs recherches n’embrassent que certains côtés de la vie, mais ils ont la prétention d’étudier tous les phénomènes de la vie par voie