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contemporaines n’ont fait que pousser l’opinion commune jusqu’à ses derniôres limites, en prouvant d’une manière plus évidente qu’auparavant, combien il est impossible de concilier cette conception avec les exigences fondamentales de la nature humaine ; mais c’est là une conception antique, primitive, commune aux hommes qui sont placés tout au bas de l’échelle du développement. Elle se rencontre chez les Chinois, chez les bouddhistes, chez les juifs. Elle est exprimée dans le livre de Job et dans la sentence : « Tu es poussière et tu retourneras en poussière. »

Sous sa forme actuelle cette conception peut être formulée ainsi : la vie est le jeu fortuit des forces de la matière, qui se manifeste dans l’étendue et la durée. Quant à ce que nous nommons notre conscience, ce n’est point la vie, et c’est seulement une certaine illusion des sens qui nous fait croire que la vie réside dans cette conscience, La conscience est une étincelle qui s’allume dans la matière, quand celle-ci se trouve dans de certaines conditions. Cette étincelle s’enflamme, brûle, puis diminue et