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On affirme que la vie provient du jeu des forces physiques et mécaniques, des forces de la nature que nous ne nommons physiques et mécaniques que par opposition à l’idée de vie.

Il est évident que le mot « vie », improprement appliqué à des idées qui lui sont étrangères et s’éloignant de plus en plus de sa signification essentielle, s’est tellement écarté de son centre, que l’on place la vie là où, d’après notre conception, elle ne saurait être. C’est comme si l’on prétendait qu’il existe un cercle ou une sphère dont le centre est hors de la circonférence.

En effet, la vie, que je ne puis me représenter autrement que comme une tendance du mal au bien, se trouverait dans une région où il n’y a ni bien ni mal. Il est évident que le centre de la conception de la vie a été déplacé. Bien plus, en examinant les recherches sur ce je ne sais quoi qu’on nomme « la vie », je vois qu’elles n’embrassent presque aucune des conceptions que je connais. Je vois toute une série d’idées et de mots nouveaux qui ont leur sens conventionnel dans le langage scientifique, mais qui n’ont rien de commun avec les idées existantes.

L’idée de la vie n’est pas prise dans le sens que tous lui attribuent, et à cause de cela les déductions qu’on en tire ne sont pas en rapport avec les idées reçues ; ce sont de nouvelles idées