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LETTRES DIVERSES 341 pas le fait lui-même que vous servez, mais plutôt les raisonnements que vous faites pour prouver qu’en continuant de servir vous faites bien. Je comprends qu’à cause de vos parents, de votre passé, de votre faiblesse, vous puissiez ne pas avoir la force de faire ce que vous croyez nécessaire: quitter le service militaire. Nous tous, selon notre faiblesse, nous nous éloignous plus ou moins de cet idéal, de cette vérité, que nous connaissons, mais il est important de ne pas déformer la vérité, de savoir qu`on s`en est éloigné, qu`ou est un pécheur, un mechant, et d’aspirer sans cesse vers elle, d'être prêt à écouter sa voix, à n’importe quel moment, des que les obstacles faibliront. L’homme n':1vauce, ne vit et ne sert autrui que lorsqu`il sait combien il s`est éloigné de la vérité et quand il se croit mauvais. Mais s’il cherche a justifier son péché, s’il est content de soi, il est mort. `Or, être content de soi, en restant au service militaire, quand on sait qu’il a pour but le supplice et le meurtre, et, pour moyens, la soumission servile a chaque 29.