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delenda est, et, sans nul doute, Carthage sera détruit.

Je ne dis pas que l’État et son pouvoir seront détruits ; cela n’arrivera pas encore ; dans la foule les éléments grossiers qui les soutiennent sont trop nombreux, mais l’appui chrétien de l’État se détruira, c’est-à-dire que les violateurs cesseront d’en appeler à la sainteté du christianisme pour soutenir leur autorité ; les violateurs seront des violateurs et rien de plus. Et quand cela sera, quand ils ne pourront plus se cacher derrière le christianisme falsifié, alors la fin de toute violence sera proche.

Tâchons donc de hâter cette fin : Carthago delenda est.

L’État, c’est la violence ; le christianisme, c’est l’humilité, la non-résistance, l’amour ; c’est pourquoi l’État ne peut être chrétien, et l’homme qui veut être chrétien ne peut servir l’État. L’État ne peut être chrétien, le chrétien ne peut servir l’État ; l’État ne peut…, etc.

Chose étrange, alors même que vous m’écriviez sur l’incompatibilité de l’État avec le christianisme, j’écrivais presque sur le même