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198 CORRESPONDANCE INÉDITE tant il est vrai que c'est audace et folie de ma part d’exiger de vous une force morale sans exemple, d’exiger que vous, empereur de Russie, sous la pression de tous ceux qui vous entourent, que vous, fils aimant, pardonniez aux meurtriers de votre père et leur renrliez le bien pour le mal. C'est folie de ma part, mais je ne puis m’abstenir de le désirer, et ne point voir que chacun de vos pas vers le pardon est un pas vers le bien, que chacun de vos pas vers le châtiment est un pas vers le mal. Et de même que pour moi, aux heures de calme, en l'a=bsence de tentations, je désire de toutes les forces de mon âme choisir la voie de l’amou¤r ` et du bien et espère y parvenir, de même . désire pour vous que vous aspiriez à être « par- fait comme notre Pere », et ne peux pas ne point l’esperer. Vous, Empereur, donnez au monde le plus grand exemple de l’observance de la doctrine du Christ : rendez le bien pour le mal. Faire gràceaux criminels qui ont violé les lois humaines et divines, leur rendre le bien pour le mal, cela semblera aux uns de l’idéa·