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aux victimes de la disette. Ce n’est pas à moi, qui suis nourri par eux, de les nourrir. Mais j’étais si entraîné que je me suis trouvé le répartiteur de ces déjections que vomissent les riches. Je sens que c’est mal et honteux, mais je ne puis me retirer ; non que je ne le trouve pas nécessaire mais les forces me manquent.

J’ai commencé par écrire un article à propos de la famine, où j’ai exposé l’idée principale, à savoir que tout provient de notre péché. Tout vient de ce que nous nous sommes séparés de nos frères, que nous les avons asservis. Et il n’y a qu’un seul moyen de salut : Changer de vie, détruire le mur qui se dresse entre nous et le peuple, lui restituer ce qu’on lui a dérobé, et se rapprocher de lui, s’unir à lui en renonçant aux avantages que procure la violence.

J’ai donné cet article à la revue « Problèmes de Psychologie », et Grott[1] fait des démarches depuis un mois. On l’a atténué, on l’a laissé passer, puis on l’a interdit et, à la fin des fins, l’article n’a pas encore paru.

  1. Directeur de cette revue.