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le jeune homme, l’emmena dans sa cabane, le fit manger, et lui donna l’hospitalité pour la nuit.

Le lendemain matin, l’Indien ordonna à l’Anglais de le suivre ; ils marchèrent longtemps, et lorsqu’ils furent près du camp anglais, l’Indien dit au jeune homme :

— Les tiens ont tué mon fils ; moi, je te sauve la vie ; retourne près d’eux. Va, et continuez de tuer les nôtres.

L’Anglais parut surpris et répondit :

— Pourquoi te moques-tu de moi ? je sais que les miens ont tué ton fils, tue-moi donc au plus vite !

L’Indien alors reprit :

— Quand on voulait te tuer, je me suis rappelé mon fils, et cela m’a ému ; je ne me joue donc pas de toi ; va chez les tiens, et tue-nous, si tu veux.

Et l’Indien laissa partir l’Anglais.