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Non pas blessé, non pas ensanglanté.
Mais vivant, entre mes mains.
Et Soukhman se dressa sur ses jambes agiles,
Et harnacha son beau cheval ;
Il s’en alla, Soukhman, vers la mer bleue,
Vers la mer bleue, — vers la baie calme.
Et arriva, Soukhman, vers la première baie
Et n’y trouva pas le cygne blanc.
Il s’en alla, Soukhman, vers une autre baie
Et n’y trouva ni oie ni cygne ;
Et pas davantage à la troisième baie
Il n’y avait d’oie grise ni de cygne blanc.
Alors, Soukhman resta perplexe :
— Comment retournerai-je à la belle ville de Kiev ?
Que dirai-je au grand-duc Vladimir ?
Il s’en alla vers la rivière Dniéper,
Et trouva le Dniéper tout troublé,
Tout changé dans son aspect ;
L’eau y était chargée de sable.
Alors, Soukhman demanda au Dniéper fleuve :
— Pourquoi, fleuve, es-tu ainsi ?
Ton aspect n’est plus comme autrefois,
Ton eau est mêlée de sable.
Et le fleuve Dniéper lui répondit :
— Mon aspect n’est plus comme autrefois,
Parce que, derrière moi, fleuve Dniéper,
Arrivent quarante mille Tartares,
Qui construisent des ponts du matin au soir,
Et ce qu’ils font, le jour, je l’emporte la nuit.
Mais mes forces sont épuisées.
Alors Soukhman dit les paroles suivantes :