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SOUKMAN


BALLADE


Chez le bienveillant duc Vladimir
On festoyait, — on festoyait en l’honneur
Des boyards, des princes, des nobles chevaliers.
Et pendant ce festin, tous vantaient leurs vertus :
L’un vantait ses richesses,
L’autre vantait son coursier,
Le fort vantait sa force,
Le sot vantait sa jeune femme,
Le sage, enfin, vantait sa vieille mère.
À table, — absorbé dans ses pensées,
Seul, le chevalier Soukhman
Ne se vantait de rien.
Vladimir, — le Duc, — le beau Soleil,
Dans la grande salle se promène,
Secouant sa chevelure blonde,
Et tient à Soukhman ce discours :
— Et pourquoi, chevalier, restes-tu rêveur ?
Pourquoi ne manges-tu pas, ne bois-tu pas ?
Pourquoi ne goûtes-tu pas au cygne blanc,
Et ne te vantes-tu de rien à ce festin ?
Et Soukhman dit les paroles suivantes :
— Puisque tu l’ordonnes, je vais me vanter !
Et je vais t’amener un cygne blanc,