Page:Tolstoï - Contes et fables, 1888.djvu/230

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’années déjà, exerçait son métier si peu lucratif.

Le bac avait changé plusieurs fois de propriétaire, mais Timopheïtch était resté passeur. Il était habitué à ce travail, qui assurait sa vie ; d’ailleurs, comme il était honnête et qu’il ne trompait jamais son patron sur la recette journalière, il possédait toute la confiance de ce dernier. Tout le monde connaissait l’oncle Timopheïtch, et souvent on le recherchait comme parrain.

Il n’avait pas amassé beaucoup de biens. En dix ans, il n’avait pu s’acheter qu’un kaftan pour les jours de fête, et une pelisse en peau de mouton. Quant au bonnet de peluche, il en désirait un depuis deux ans, et chaque fois qu’il allait au marché chercher du pain et des provisions pour trois ou quatre jours, il