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mangea donc, le malheureux, du pain rassis, et continua de tirer les écus.

La nuit vient, et il ne s’arrête pas encore. Une semaine s’écoule, un mois, puis une année, et il reste toujours près de la bourse.

— Qui ne serait pas satisfait d’avoir beaucoup d’argent ? Tout le monde en veut avoir le plus possible !

Il continue donc de vivre, en mendiant, oubliant qu’il avait désiré vivre pour son propre plaisir et pour celui des autres.

De temps en temps il prend une grande résolution : il s’approche de la rivière pour y jeter la bourse, mais il s’en éloigne aussitôt. Il est maintenant vieilli, jauni lui-même comme son or, mais il ne peut cesser de tirer des écus.

Il meurt ainsi, pauvre, sur son banc, la bourse entre les mains.