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faire aux autres ce qu’on veut qu’ils nous fassent. En effet, pas un de ceux qui prennent part à la révolte ne voudrait qu’on lui enlevât ce qu’il considère comme lui appartenant, d’autant plus que cette conquête est accompagnée d’ordinaire des plus cruelles violences.

L’action socialiste n’est pas moins en désaccord avec ce précepte : d’abord parce que posant pour principe la lutte entre les classes, elle excite chez les ouvriers contre les maîtres, en général contre quiconque n’est pas ouvrier, des sentiments si hostiles que ces derniers ne voudraient jamais être exposés à ces inimitiés à leur tour ; ensuite parce que, lors des grèves, ils sont souvent amenés, pour le succès de leur cause, à la nécessité d’user de violence contre leurs camarades, compatriotes ou étrangers, qui veulent prendre leur place.

Ainsi, cette doctrine, qui promet aux ouvriers la possession dans l’avenir de tous les instruments de travail, des fabriques et des usines, n’est pas seulement en désaccord avec le précepte chrétien ; elle est, de