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puie non sur les lois humaines, mais sur les lois naturelles, autrement dit, sur les lois divines. C’est net et catégorique, et la violation de ce droit, qu’elle soit commise par un individu ou par une collectivité, est la violation du commandement : « Le bien d’autrui tu ne prendras. » L’homme qui pêche un poisson, soigne un pommier, élève un veau, construit une maison, une machine, confectionne un vêtement, peint des tableaux, acquiert par ce fait même le droit exclusif de propriété sur le produit de son travail : le droit de le donner, de le vendre, de le transmettre en héritage. Puisque la terre n’a pas été faite par nous et n’est qu’un séjour provisoire de générations qui se succèdent, puisque nous y séjournons évidemment par une permission du Créateur égale pour tous, il est clair que personne ne saurait avoir un droit exclusif sur le sol et que les droits de tous sont égaux et inaliénables. Mais ce droit de possession doit être limité par le droit de tous, et par suite, doit être subordonné au paiement à la société d’une certaine redevance pour le précieux avan-