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plus vrai, connaît la plus haute vérité accessible pour lui, et il est dans le vrai ; plus tard il apprend une vérité plus parfaite, et il est en droit de l’adopter ; il a le droit de reconnaître chaque fois une vérité plus haute ou plus pure. La vérité qui apparaît à l’homme à un moment donné comme la plus claire et la plus certaine, est pour lui la vérité vraie.

Il serait peut-être excellent et désirable de voir tous les hommes apprendre soudainement la même vérité absolue (quoique la vie dût cesser si cela arrivait) ; mais en supposant que ce fût souhaitable, il est certain que les choses ne se passeraient pas comme nous le désirerions. Les hommes naïfs voudraient qu’il n’y eût pas de maladies, ou qu’on trouvât un moyen de guérir tous les maux, ou encore que tous parlassent la même langue. Cependant, ces miracles ne se réaliseront point, par le seul fait de nous imaginer que tout le monde sera guéri par notre remède, ou que tous parleront la langue russe. Au cas où nous nous le figurerions, c’est nous qui en souffririons,