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vérité qu’on puisse atteindre à une époque donnée, mais jamais elle ne saurait être absolue, immuable pour tous les temps. Elle ne saurait être définitive pour tous les temps, par ce fait seul que le but de la vie de l’humanité entière, et de chacun de nous, est précisément dans cette progression constante vers une vérité de plus en plus parfaite.

L’idée absurde que l’effort de la raison ne peut à lui seul conduire à la connaissance de la vérité, est le résultat de la même superstition monstrueuse qui suppose l’impossibilité de l’accomplissement de la volonté de Dieu sans une intervention mystérieuse. Cette superstition fait admettre la révélation de la vérité entière par Dieu lui-même aux Juifs, sur le mont Sinaï, et par divers prophètes ; aux chrétiens par le Christ, les apôtres, les conciles, les églises ; aux brahmanes par les Vedas ; aux bouddhistes par le Tripitaka ; aux mahométans par le Coran.

Cette superstition est monstrueuse, d’abord parce qu’elle déforme la conception de la vérité ; ensuite, parce que, après avoir re-