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malheureux travaille plusieurs années chez le même propriétaire, il demeure quand même son débiteur. Le gouvernement, pour les impôts, lui enlève ses dernières ressources : cheval, vache, charrette, charrue, vêtements, lit, vaisselle, et tout est vendu presque pour rien. Alors, le pauvre paysan s’en va, suivi de sa famille affamée, chez un autre propriétaire qui lui semble plus humain. Celui-ci lui donne bœufs, charrue, graines, etc. ; mais, au bout d’un certains temps, la même histoire se renouvelle. Alors, il va chez un troisième, et ainsi de suite. Pour ce qui est de la récolte, les propriétaires qui ont eux-mêmes ensemencé louent des ouvriers, mais le paiement n’a lieu que la moisson finie et peu de patrons paient les ouvriers ; la plupart retiennent sinon le tout, du moins la moitié du salaire. Et pas de recours à la justice. Voilà votre constitution ! Voilà votre parlement !

La terre est la première chose indispensable que le peuple devrait s’efforcer d’obtenir. Il me semble que les usines et les fabriques deviendront d’elles-mêmes la pro-