Page:Tolstoï - Ce qu’il faut faire.djvu/64

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ans, pas grande, mais adroite et robuste. Le neveu fait venir sa femme, grande et forte comme un vrai moujik, et sa belle-sœur, la femme enceinte d’un soldat. Le savetier appelle sa femme, une vigoureuse ouvrière, et sa vieille mère, qui achève sa huitième dizaine et mendie habituellement.

Tous rivalisent et peinent de l’aube au soir en plein soleil de juin. Il brûle et la pluie menace. Chaque heure de travail est précieuse. Quel ennui de quitter la besogne pour aller chercher l’eau ou le kvas ! — Un tout jeune garçon, le petit-fils de la vieille, apportera l’eau.

La vieille, uniquement préoccupée, comme on le voit, de n’être point renvoyée de l’ouvrage, crispe ses mains sur le râteau, avec un effort visible, mais elle a peine à se mouvoir. Le garçonnet, tout courbé, trottant menu de ses petits pieds nus, porte, en la passant d’une main à l’autre, la cruche d’eau,