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lier pour chacun des faucheurs, la question se tranche du pain de l’hiver, du lait pour soi et pour les enfants. Chaque ouvrier le sait, chaque ouvrière, même les enfants ; ils savent qu’il s’agit là d’une affaire capitale, et qu’il faut travailler jusqu’à l’extrémité de ses forces, porter la cruche de kvas au champ d’œuvre pour le père, et, changeant de mains la cruche lourde, courir pieds nus, le plus vite possible, à deux verstes du village, pour arriver à l’heure du dîner et que le père ne gronde pas. Chacun sait que, de la fenaison à la récolte, la besogne ne chômera pas, et que ce n’est point le temps de se reposer.

Mais il n’y a pas que la fauchaison : il faut en outre fouir la terre, herser ; les babas tissent la toile, cuisent le pain[1], lavent ; les moujiks vont au moulin, à la ville, chez le

  1. Chaque ménage fait son pain ; il n’y a pas de boulangerie dans les villages.