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voient pas cela. Et du moment que ces jeunes femmes, ces jeunes filles, hypnotisées qu’elles sont par le bal, ne voient point tout cela, on ne saurait les condamner. Elles font, les pauvrettes, ce que les adultes trouvent bon ; mais les adultes, comment expliqueront-ils leur cruauté envers des êtres humains ?

Les adultes donneront toujours la même explication :

— Je ne violente personne : les objets, je les achète ; les gens, bonnes, cochers, je les loue. Acheter, louer, il n’y a là rien de mauvais. Je ne fais violence à personne, je loue ; quoi de mauvais là-dedans ?

J’entrai ces jours-ci chez l’une de mes connaissances. En passant dans la première chambre, je fus surpris de voir deux femmes à une table, sachant mon ami célibataire. Une maigre et jaune femme, l’air vieillot, d’une trentaine d’années, un châle jeté sur les