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On peut entendre ces coups de sifflet sans y voir autre chose qu’une indication des heures :

— Voilà déjà le coup de sifflet, il faut aller se promener.

Mais on peut aussi, dans ces coups de sifflet, voir ce qu’il y a en réalité, ce que signifie le coup de cinq heures : des êtres humains, souvent couchés côte à côte, les hommes avec les femmes, dans une cave humide, se levant dans l’obscurité, se hâtant vers un bâtiment tout bourdonnant de machines, se mettant à une besogne dont ils ne saisissent ni la fin ni l’utilité pour eux, travaillant ainsi, souvent dans la chaleur, dans l’étouffement, dans la poussière, avec de courts répits, — une, deux, trois heures — pendant douze heures et plus à la file. Ils s’endorment, et de nouveau se lèvent ; et ils se remettent à cette besogne, pour eux stupide, qu’ils ne font que par nécessité.