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peuple en puisse jamais jouir, rien autre chose que de l’inquiétude et de l’ennui.

Les écrivains, les auteurs n’ont pas besoin, semblerait-il, ni d’ateliers, ni de la nature, ni d’orchestres, ni de chanteurs, mais ici l’écrivain, l’auteur, sans parler d’un logis confortable, ni des délices de la vie, il leur faut, pour l’exécution de leurs grandes œuvres, des voyages, des palais, des cabinets, des bibliothèques, les jouissances de l’art, les visites, les théâtres, les concerts, les eaux, etc. S’ils ne gagnent pas eux-mêmes l’argent dont ils ont besoin, on les pensionne pour qu’ils écrivent mieux. Et, là encore, ces œuvres que nous évaluons un si haut prix, sèment la faim pour le peuple et ne lui servent absolument de rien.

Mais que sera-ce si, comme le désirent les adeptes des sciences et des arts, on multiplie encore davantage les producteurs de la nourriture spirituelle, et s’il faut, dans