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Ce qu’il y a de plus frappant, de plus évident, c’est la fausseté de la tendance de notre science et de nos arts, notamment dans ces domaines où, par leur objet même, science et arts devraient, semblerait-il, être utiles au peuple ; et où, par suite de leur tendance fausse, ils se montrent plutôt nuisibles qu’utiles. L’ingénieur, le médecin, l’instituteur, le peintre, l’écrivain, par leur destination même, doivent, semble-t-il, servir le peuple ; mais quoi ? grâce à la tendance actuelle, ils ne peuvent rien apporter au peuple que de mal.

L’ingénieur, le mécanicien ont besoin, pour travailler, du capital. Sans le capital, ils ne peuvent rien. Toutes leurs connaissances sont telles que pour les appliquer, il leur faut le capital et, dans de grandes proportions, l’exploitation du travailleur ; et sans parler de ceci, qu’ils sont eux-mêmes habitués à dépenser de quinze cents à deux mille