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AU CAUCASE

Il pensait sans doute encourager par ces paroles le joli sous-lieutenant ; mais, autant que je pus en juger d’après les regards froids et tristes de ce dernier, ces paroles n’obtinrent pas l’effet qu’il en attendait.

Le capitaine s’approcha aussi. Il examina attentivement le blessé ; et, sur son visage, toujours indifférent et froid, se lut une sincère pitié.

— Eh quoi ! mon cher Anatoly Ivanitch, dit-il d’une voix empreinte d’une sympathie si tendre que j’en fus tout surpris. C’est la volonté de Dieu.

Le blessé se tourna vers lui. Son visage pâle s’anima d’un sourire triste :

— Oui, je ne vous ai pas écouté.

— Dites plutôt que c’est la volonté de Dieu, répéta le capitaine.