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AU CAUCASE

— Il nous faudrait de la mitraille !

Et voici que le canon joignit la colonne. Aux premiers obus, l’ennemi semblait faiblir ; mais, un instant après, à chaque pas que faisaient nos troupes, son feu, ses cris et ses hurlements augmentaient d’intensité.

Nous étions à peine à trois cents sagènes de l’aoul, que ses boulets commençaient déjà à voler par-dessus nos têtes. Je vis un soldat tué par un obus… Mais pourquoi retracer les détails de cet horrible tableau, quand j’aurais donné beaucoup pour l’oublier moi-même !

Le lieutenant Rosencranz tirait lui-même des coups de carabine ; de sa voix enrouée, il criait sans répit après les soldats, et s’élançait à toute bride d’un bout à l’autre de