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UNE EXPÉDITION

apparaissait ici et là, dans l’aoul. Il ne cessait de donner des ordres, de l’air d’un homme fortement préoccupé. Je le vis sortir, triomphant, de l’une des huttes : derrière lui des soldats entraînaient un vieux Tartare, lié avec des cordes. Le vieillard, qui n’avait pour tout vêtement qu’un bechmet bariolé et des culottes en haillons, paraissait débile au point que ses bras osseux, fortement attachés derrière le dos, semblaient tenir à peine à ses épaules. Ses pieds nus et tournés se mouvaient péniblement. Son visage, et même une partie de sa tête rasée, étaient sillonnés de rides profondes. La bouche, édentée et tordue, remuait sans cesse entre sa barbe et ses moustaches grises et taillées, comme s’il eût mâché quelque chose. Mais dans ses yeux rouges et sans cils luisait une flamme ; il