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UNE EXPÉDITION

luttant contre le courant. Les cavaliers relevaient leurs jambes et leurs armes. Les fantassins, littéralement en chemise, ayant en l’air, au-dessus de l’eau, leurs fusils avec leurs effets noués au bout, la main dans la main, par groupes de vingt, essayaient, avec des efforts qu’exprimait leur visage, de résister au flot. Les artilleurs, avec de grands cris, poussaient au trot leurs chevaux dans la rivière. Les canons et les caissons verts, que l’eau recouvrait de temps en temps, résonnaient sur le lit pierreux. Mais les bons petits chevaux de la mer Noire tiraient allègrement, fendaient l’écume, puis, la crinière et la queue ruisselantes, remontaient sur la berge opposée.

Aussitôt le passage opéré, le général laissa voir sur son visage les traces d’une