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AU CAUCASE

papier bien réglé et priait Dieu à genoux. Combien dut-il souffrir pour arriver à paraître ce qu’il voulait être ! Car ses camarades et ses soldats n’avaient pas du tout sur lui l’opinion qu’il eût voulu leur donner.

Une fois, dans une de ces excursions nocturnes, il lui arriva de blesser à la jambe un Tchétchène révolté et de le faire prisonnier. Ce Tchétchène vécut six semaines de suite chez le lieutenant, qui le soignait comme son meilleur ami ; et quand l’autre fut guéri, il le renvoya avec des présents. Au cours d’une expédition ultérieure, comme le lieutenant se repliait avec les siens, il s’entendit appeler dans les rangs ennemis ; et son Tchétchène, s’avançant, lui fit signe d’en faire autant de son côté. Le lieutenant s’approcha de son ami et lui serra la main ;