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UNE COUPE EN FORÊT

coucha à l’écart du brasier, dans l’ombre. Était-ce parce qu’il se remuait en attendant le sommeil, était-ce l’influence de ce temps de tristesse et l’idée de la mort de Vélentchouk ?… Il me sembla qu’il pleurait.

Le gros tison, se refroidissant du bout en charbon, n’éclairait plus que de rares rayons la silhouette d’Antonov, avec ses moustaches grises, son visage rouge et les décorations de son manteau, les bottes d’un autre, des têtes, des dos. D’en haut tombait la même bruine désolée. On sentait dans l’air le même relent d’humidité et de fumée. Çà et là étincelaient les mêmes points lumineux des brasiers s’éteignant. Et, au milieu du calme universel, s’exhalait la mélancolique mélopée d’Antonov. Et lorsqu’elle s’interrompait un moment, le bruit des mouvements nocturnes