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UNE COUPE EN FORÊT

— Et toi, es-tu déjà allé en congé d’un an ? demandai-je à Djanov.

— Non, jamais, répondit-il à contrecœur.

— C’est bon de rentrer au pays quand on a de quoi, ou bien quand on peut travailler, dit Antonov ; alors tout le monde est content à la maison.

— Autrement, à quoi bon rentrer, lorsqu’on n’a que deux frères qui, loin de pouvoir nourrir un soldat, ont à peine de quoi se suffire. On n’est pas bon à grand chose, quand on a servi pendant vingt-cinq ans. Et d’ailleurs, je ne sais même pas s’ils sont encore en vie.

— Tu ne leur as donc jamais écrit ?

— Comment donc ? J’ai envoyé deux lettres, mais elles sont demeurées sans réponse.