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UNE COUPE EN FORÊT

— Eh bien ! là, il se sentit plus mal. Alors nous réfléchîmes, avec Anochenka, — un vieux brigadier, — qu’il ne vivrait pas quand même, et lui-même nous suppliait de nouveau, par Dieu, de l’abandonner. « Laissons-le donc ici ! » C’est ce que nous fîmes. Il avait poussé à cet endroit un arbre très touffu. Nous prîmes quelques biscuits trempés que Jdanov avait sur lui, et nous les déposâmes à côté du blessé. Nous l’appuyâmes contre l’arbre, nous lui mîmes une chemise propre, nous lui fîmes les adieux d’usage, et nous l’abandonnâmes ainsi.

— Était-ce un bon soldat ?

— Un assez bon soldat, dit Jdanov.

— Ce qu’il advint de lui, Dieu le sait ! continua Antonov. Il en resté beaucoup des nôtres, là-bas.