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UNE COUPE EN FORÊT

Je croyais d’abord qu’avant mon arrivée ils parlaient de leurs camarades blessés.

Point du tout. Tchikine racontait l’arrivée d’effets militaires à Tiflis et je ne sais quelle escapade des écoliers de cette ville.

Toujours et partout, mais surtout au Caucase, j’ai reconnu chez nos soldats le tact d’éviter, pendant le danger, les sujets de conversation de nature à affaiblir le moral. Le courage russe ne rappelle pas celui des peuples du Midi, dont l’enthousiasme prend feu instantanément et s’éteint de même : il est aussi difficile à s’enflammer qu’à s’éteindre. Il n’a pas besoin de moyens à effet, de discours, de cris de guerre, de chansons et de tambours ; il lui faut, au contraire, la tranquillité, l’ordre, la franchise. Chez un soldat russe, vraiment russe, on ne remar-