Page:Tolstoï - Au Caucase.djvu/199

Cette page a été validée par deux contributeurs.
189
UNE COUPE EN FORÊT

nous autres, qu’à déposer notre râtelier sur l’étagère[1]. Tandis qu’en réalité nous vivons fort bien, prenant du thé, fumant du tabac, buvant de la vodka. Quand tu auras servi aussi longtemps que moi, continua-t-il en s’adressant au sous-lieutenant, tu sauras vivre, toi aussi. Vous savez, Messieurs, comment il traite ses ordonnances ?

Et Trossenko, avec un éclat de rire, raconta l’histoire du sous-lieutenant et de son ordonnance, quoique nous l’eussions déjà entendue plus de mille fois.

— Qu’as-tu donc, frère, à me regarder comme une rose ? poursuivit-il en se tournant vers le sous-lieutenant qui rougissait, suait et souriait à faire pitié… Ça ne fait rien, frère ; moi aussi, j’étais comme toi ; et vois

  1. Expression russe : se serrer le ventre.