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UNE EXPÉDITION

grec ; car s’il avait pu s’exprimer comme Platon, il eût dit sans doute que celui-là est courageux qui craint ce qu’on doit craindre, et ne craint pas ce qu’on ne doit pas craindre.

Je voulus expliquer ma pensée au capitaine.

— Oui, lui dis-je, il me semble que dans tout danger il y a un choix à faire : et le choix fait, par exemple, sous l’influence du devoir, c’est là le courage, tandis que le choix fait sous l’influence d’un sentiment vil, c’est lâcheté. Donc, un homme qui, par vanité, ou par curiosité, ou par désir d’étonner, risque sa vie, ne saurait passer pour courageux ; et au contraire, un homme qui, sous l’influence d’un devoir, par sentiment de famille ou simplement par conviction, évitera