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AU CAUCASE

mon cou, le mouvement, l’interminable conversation à laquelle je ne prenais aucune part, la boue gluante dans laquelle je piétinais, mon estomac vide, tout cela m’affectait péniblement et désagréablement après cette journée de fatigues physiques et morales.

Vélentchouk ne me sortait pas de la tête : toute la simple histoire de sa vie de soldat obsédait malgré moi mon imagination. Ses derniers moments avaient été aussi sereins, aussi paisibles que toute sa vie entière. Il avait vécu trop simplement, trop honnêtement, pour que sa foi sincère en la vie future se fût ébranlée à l’instant suprême.

— Votre Santé, dit Nikolaïev en s’approchant de moi, veuillez bien vous rendre chez le capitaine, il vous invite à prendre le thé.