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UNE COUPE EN FORÊT

tre qu’il avait été blessé, mais on y voyait peu de sang ; son front, il l’avait meurtri, en tombant, contre une souche.

Tout cela, je ne le remarquai que bien après ; au premier moment, je ne distinguai qu’une masse confuse et, à ce qu’il me semblait, beaucoup de sang.

Aucun des servants qui chargeaient la pièce ne prononça une parole. Seule, la jeune recrue murmura quelque chose comme : « Vois-tu ? jusqu’au sang ! » tandis qu’Antonov étouffait un « hum ! » de colère. Mais tout révélait que la pensée de la mort hantait l’âme de chacun. On redoublait d’activité ; le canon était chargé en un clin d’œil, et l’homme qui apportait la mitraille faisait le tour de l’endroit où le blessé continuait à gémir.