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UNE COUPE EN FORÊT

sement mal dirigé et nous n’avions pas à déplorer de pertes.

Les artilleurs, comme toujours, se comportaient crânement. Ils chargeaient vivement, pointaient avec soin du côté de la fumée, et plaisantaient tranquillement entre eux. Les fantassins chargés de nous couvrir, dans une immobilité silencieuse, étendus par terre, attendaient leur tour. Les pionniers poursuivaient leur besogne : les coups de hache retentissaient dans la forêt, plus forts et plus drus. Seulement, quand sifflait un obus, tout se taisait soudain ; du milieu du silence, s’élevaient des cris inquiets : « Prenez garde, enfants ! » et tous les yeux se tournaient vers le boulet, qui ricochait contre les feux et les branches coupées. Le brouillard avait monté, et, prenant la