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UNE COUPE EN FORÊT

trouvait à portée de mes regards revêtit soudain le caractère d’une grandeur nouvelle : et les fusils en faisceaux, et la fumée des feux, et le bleu du ciel, et le vert de l’affût, et le visage basané et moustachu de Nikolaïev. tout me semblait dire que le boulet, déjà émergé de la fumée et volant en ce moment dans l’espace, allait peut-être venir frapper ma poitrine.

— Où avez-vous acheté ce vin ? demandai-je nonchalamment à Bolkhov, pendant qu’au fond de mon âme parlaient distinctement, avec une force égale, deux voix : l’une : « Seigneur, reçois mon âme dans ta paix ! » L’autre : « J’espère ne pas me baisser et sourire tout le temps, lorsque passera le boulet. » Et au même instant, au-dessus de ma tête, siffla quelque chose de terriblement