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AU CAUCASE

c’est qu’ici, au Caucase, moi-même je ne me sens pas bon.

— Et pourquoi donc ? demandai-je, pour dire quelque chose.

— Premièrement, parce qu’il m’a trompé. Tout ce que j’ai apporté au Caucase pour m’en guérir, je l’ai gardé, avec cette différence qu’auparavant tout se faisait sur une grande échelle, tandis qu’aujourd’hui c’est sur une échelle petite et sale, à chaque échelon de laquelle je rencontre des millions de petites misères, d’avanies, de bassesses… Secondement, parce que je me sens tomber chaque jour de plus en plus bas, moralement ; je me sens surtout incapable de faire face au service d’ici : je ne puis pas affronter le danger… Je ne suis pas brave, tout simplement.