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AU CAUCASE

ment alors, ces Moumri… est-ce qu’ils naissent comme ça, la main dans la main, ou quoi ? » disait Tchikine, d’une voix de basse, imitant la voix des moujiks. — « Oui, répondais-je, charmant garçon, ils sont comme ça de leur nature. Si tu leur déchires les mains, c’est comme les Chinois quand on leur arrache leur bonnet : le sang jaillit. » — « Et dis-moi, petit, comment se battent-ils ? » qu’il dit. — Mais voilà comment, lui répondais-je. « Quand ils t’ont saisi, ils t’ouvrent le ventre, prennent tes boyaux et les enroulent autour de ton bras. Ils enroulent, et toi tu ris, et tu ris si longtemps que tu en meurs… »

— Eh bien ! est-ce qu’ils te croyaient, Tchikine, demanda Maximov avec un léger sourire, tandis que les autres s’esclafaient.