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UNE COUPE EN FORÊT

qu’il jugeât impossible de ne pas se battre avec eux. Il se battait non pas tant pour son plaisir personnel que pour soutenir l’honneur militaire dont il se sentait un tenant.

Le troisième soldat, avec une boucle d’oreille et des moustaches hérissées, un brûle-gueule en porcelaine dans les dents, accroupi devant le feu, était le messager à cheval Tchikine. Tchikine le charmant garçon, comme l’appelaient les soldats, était un « loustic ». Gelât-il à pierre fendre, s’enfonçât-il dans la boue jusqu’aux genoux, restât-il deux jours sans manger, en campagne, à la revue, à l’exercice, le charmant garçon, toujours et partout, faisait rire par ses grimaces et ses contorsions, se démenant de telle sorte que tout le monde se roulait. À la halte comme au campement, un cercle de