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UNE COUPE EN FORÊT

ques coups secs de carabines crépitèrent à l’avant-garde. Ce bruit, comme toujours, ranima tout le monde. Le détachement sembla se réveiller : on entendit dans les rangs des conversations, des rires, des mouvements. Parmi les soldats, les uns s’amusaient à lutter, les autres trépignaient : qui mâchait un biscuit, qui manœuvrait son fusil pour passer le temps.

Cependant, le brouillard commençait à blanchir vers l’Orient. L’humidité devenait plus sensible, et les objets qui nous entouraient émergeaient peu à peu de la nuit. Je pouvais déjà distinguer les affûts et les caissons verts, le cuivre des pièces à feu couvert d’une buée et, tableau familier, les silhouettes de mes hommes avec leurs chevaux bais et les rangs des fantassins avec leurs baïonnettes luisan-