Page:Tolstoï - Appels aux dirigeants, trad. Halpérine-Kaminsky, 1902.djvu/155

Cette page a été validée par deux contributeurs.

aux convenances extérieures », dit plus loin l’Encyclique, « le devoir de chacun est de donner le superflu aux pauvres ».

Ainsi prêche le chef de l’Église la plus répandue d’aujourd’hui ; ainsi prêchaient tous les Pères de l’Église qui jugeaient le salut par l’action comme insuffisant.

Et à côté de la prédication de cette doctrine égoïste, qui prescrit de donner au prochain ce dont on n’a pas besoin, on prêche l’amour du dit prochain, et c’est toujours avec emphase qu’on cite les célèbres paroles prononcées par saint Paul dans le treizième chapitre de sa première épître aux Corinthiens.

Quoique la doctrine évangélique tout entière, remplie d’appels à l’abnégation, enseigne que cette vertu est la première des conditions pour atteindre à la perfection chrétienne ; quoiqu’il soit dit que « qui ne portera pas sa croix, qui ne reniera pas son père, sa mère, qui ne risquera pas sa vie… », ces hommes persuadent aux autres qu’il n’est pas nécessaire pour aimer son prochain de sacrifier ce à quoi on est habitué ;