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moins reconnaître que l’une et l’autre acheminent l’homme vers la vérité et le bien, et, comme ces deux choses sont immuables, au fond, la voie qui y conduit doit être unique. C’est pourquoi les premiers pas dans cette voie doivent nécessairement être les mêmes, qu’il s’agisse des chrétiens ou des païens.

Qu’est-ce qui différencie donc ces deux doctrines ? C’est que, à l’encontre de la doctrine païenne qui est limitée, la doctrine chrétienne représente l’aspiration continuelle vers la perfection.

Platon, par exemple, établit comme modèle de perfection la justice ; le Christ choisit la perfection indéfinie, l’amour : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ».

D’après le paganisme, avant d’arriver à la plus haute vertu, les degrés qu’on franchit ont leur importance relative : plus hauts ils sont, et plus il faut de vertu. Il résulte de là qu’au point de vue païen, on peut être plus ou moins vertueux ou plus ou moins vicieux.