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tit, les échelons qui le mèneront au but qu’il poursuit.

Dans toutes les doctrines morales, il existe une échelle, laquelle, comme dit la sagesse chinoise, va de la terre au ciel et dont l’ascension ne peut s’accomplir autrement qu’en commençant par l’échelon le plus bas. Cette règle est prescrite aussi bien par les Brahmanes et les Bouddhistes que par les partisans de Confucius ; on la retrouve également dans les doctrines des sages de la Grèce.

Tous les moralistes, aussi bien déistes que matérialistes, reconnaissent la nécessité d’une succession définie et méthodique dans l’assimilation des vertus sans lesquelles il n’y a pas de vie morale possible. Cette nécessité découle de l’essence même des choses ; il semblerait, par conséquent, qu’elle dût être acceptée par tous. Mais, chose étrange ! depuis que le christianisme est devenu synonyme d’Église, la conscience de cette nécessité tend à disparaître de plus en plus et elle ne se retrouve plus guère que chez les ascètes et les moines.